1ère journée de co-construction du programme régional d’actions en faveur des tourbières

Le 6 mars, le Conservatoire d’espaces naturels de Normandie, le Conservatoire botanique de Normandie et le pôle-relai tourbière de la fédération des Conservatoires d’espaces naturels ont convié l’ensemble des partenaires impliqués dans la gestion et la préservation des tourbières à une journée de construction collaborative du programme régional d’actions « Tourbières ».

Trois autres régions françaises se sont déjà dotées d’un tel programme (Franche-Comté, Pays de la Loire, Hauts de France). Ces plans constituent de véritables stratégies afin que les différents acteurs du territoire puissent échanger, prioriser, et se positionner dans une logique cohérente de conservation et de restauration des tourbières.

Qu’est-ce qu’une tourbière ?

Les tourbières se forment par accumulation de matières organiques qui ne se décomposent pas en raison de la saturation permanente en eau des sols. L’alimentation en eau des tourbières est donc le facteur primordial de leur conservation.

Pourquoi restaurer et préserver les tourbières normandes ?

Les tourbières sont des espaces fragiles à la croisée de plusieurs enjeux majeurs :

• Biodiversité remarquable et menacée inféodée à ces milieux
• Régulation climatique avec un fort potentiel de stockage du carbone, mais aussi le risque de relargage massif si les tourbières dysfonctionnent
• Régulation hydraulique des bassins versants par stockage de l’eau dans la tourbe en bon état de conservation et restitution en période d’étiage (soutien au débit des cours d’eau)
• Qualité de l’eau de surface grâce au rôle épurateur des sols tourbeux fonctionnels

Au niveau mondial, les tourbières représentent environ 3 % de la surface terrestre mais stockent deux fois plus de carbone que l’ensemble des forêts. Au niveau national, près de 90 % de ces surfaces sont dans un état dégradé. La Normandie abrite près du tiers des stocks de carbone de la France métropolitaine, principalement dans les marais du Cotentin et du Bessin.

Le programme régional d’actions « Tourbières » (PRAT)

Le PRAT normand a été initié dès 2024 par le Conservatoire d’espaces naturels de Normandie, avec d’une part le soutien financier de l’Agence de l’eau Seine-Normandie et de fonds européens, et d’autre part l’appui technique du Conservatoire botanique de Normandie et du pôle relai-tourbières. Ce dernier, désireux de faire naître des synergies sur le sujet de la préservation et de la restauration des tourbières, accompagne la démarche normande dans le cadre de ses missions de mutualisation des connaissances et des expériences.

Cette phase d’initiation du PRAT se poursuit en 2025 avec la co-construction du programme d’actions, prévu pour une durée de 10 ans.

Une première journée a été organisée le 6 mars :

• La matinée a permis de partager des retours d’expériences de gestionnaires et de rappeler le cadre stratégique régional dans lequel la démarche s’inscrit (Stratégie régionale pour la Biodiversité et plan d’actions territorial « aires protégées », feuilles de route de la COP normande et du GIEC normand).
• L’après-midi a été consacré à des ateliers thématiques organisés sous la forme d’un world-café. La réflexion s’est prioritairement portée sur les objectifs du PRAT et les principales actions à engager. Une seconde journée sera organisée d’ici l’été pour approfondir la déclinaison opérationnelle, identifier les chefs de file et les indicateurs de suivi du programme d’actions.

Le service Eau, Littoral et Biodiversité de la DREAL (bureau expertise et protection des espaces naturels terrestres) est étroitement associé à ces rendez-vous techniques. Par ailleurs, il fait partie du comité de rédaction et du comité de pilotage du programme régional.

Le territoire normand devrait être doté d’un PRAT fin 2025. La mise en œuvre du programme nécessitera un soutien financier élargi : financeurs institutionnels, collectivités impliquées, entreprises via la mise en place d’un label bas carbone pour la restauration des tourbières