Les inondations

En France, le risque inondation est le premier risque naturel de par le nombre de communes touchées, l’étendue des zones inondables, les populations exposées et le montant d’indemnisation annuel. L’évaluation préliminaire des risques d’inondation réalisée en 2012 révèle que près d’un Français sur quatre et un emploi sur trois sont aujourd’hui potentiellement exposés à ces risques. Des événements comme la tempête Xynthia en 2010 et plus récemment, en Normandie, les crues de la Seine en 2018 puis 2020, nous rappellent combien notre territoire est vulnérable, en milieu urbain comme rural.

Inondation à Louvigny (14) en 2010 | DREAL
Inondation à Louvigny (14) en 2010 | DREAL


Ces inondations peuvent avoir des conséquences matérielles, humaines, économiques et écologiques, plus ou moins importantes selon le niveau de conscience du risque de la population et les mesures de prévention prises. C’est un phénomène naturel particulièrement coûteux au regard de l’importance des dégâts qu’il peut provoquer. L’inondation constitue, en France, pour les maisons individuelles, l’un des deux premiers postes d’indemnisation aux catastrophes naturelles.


Une inondation, c’est quoi ?

La loi n°2010-788 du 22 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (Grenelle 2) en donne une définition précise : on appelle inondation toute submersion temporaire, par l’eau, de terres émergées, quelle qu’en soit l’origine, à l’exclusion des inondations dues aux réseaux de collecte des eaux usées, y compris les réseaux unitaires.

Inondation du périphérique sud de Caen (14) en 2001 | DDTM 14
Inondation du périphérique sud de Caen (14) en 2001 | DDTM 14


L’inondation se produit en présence d’un ou plusieurs facteurs que sont la quantité, la localisation et la durée des pluies sur le bassin versant (voir schéma). Dans les estuaires, le niveau élevé de la mer, lors d’une pleine mer par exemple, joue aussi un rôle, empêchant le fleuve de « se jeter en mer » et créant ainsi une inondation en amont. L’Homme peut aggraver le phénomène lorsqu’il imperméabilise les sols, déboise, modifie les écoulements d’eau par la construction d’ouvrages de protection tels que des digues, assèche des zones humides, modifie le tracé d’un cours d’eau, etc. L’eau ne peut alors plus être absorbée ou est déviée sur des zones jusqu’alors non impactées.

Illustration d’un bassin versant (crédits Office français pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018)
Illustration d'un bassin versant (crédits Office français pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018)



Il existe quatre grands types d’inondation

1 - par débordement d’un cours d’eau
2 - par ruissellement
3 - par remontée de nappes
4 - par submersion marine

Illustration des quatre grands types d'inondation - DREAL Normandie



L’inondation par débordement de cours d’eau (aussi appelée crue)

L’inondation par débordement de cours d’eau survient lorsqu’une rivière, un torrent ou un fleuve déborde de son lit habituel, le lit mineur, pour aller occuper tout ou partie de son lit majeur. La montée des eaux est plus ou moins rapide selon la taille et le relief du bassin versant, la nature des sols, l’état de la couverture végétale, etc.

Schéma de l'inondation par débordement de cours d'eau (crédits Office français pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018 (LO 2.0))



L’inondation par débordement de cours d’eau se divise en deux types :
  • Crue lente : Les inondations surviennent sur des terrains peu pentus, suite à des pluies prolongées sur le bassin versant. Ces crues peuvent durer plusieurs jours, avec une montée des eaux lente et durable.
Les crues de la Seine ou de l’Orne ont généralement une dynamique lente, mais l’eau peut ensuite rester plusieurs jours sur les terrains inondés.
  • Crue rapide : il s’agit de crues pour lesquelles le temps de montée des eaux est inférieur à 12 heures. Elles se produisent souvent sur des petits bassins versants avec des reliefs marqués.
Plusieurs petits bassins versants de Normandie peuvent présenter des crues rapides, comme dans le nord Cotentin et en Pays d’Auge.


L’intensité et la durée d’une crue dépendent principalement :
  • de l’intensité et la durée des précipitations ;
  • de l’état des sols lors des précipitations : un sol saturé en eau ne sera plus en capacité d’absorber la pluie et le volume d’eau ruisselant vers le cours d’eau en sera fortement augmenté ;
  • de la nature des sols : un sol sableux ou un couvert végétal dense absorberont davantage d’eau qu’un sol argileux ou imperméabilisé et, de fait, ralentiront les écoulements vers le cours d’eau ;
  • du relief : une forte pente accélère les écoulements et diminue les possibilités d’absorption des sols.


L’inondation par remontée de nappe

Schéma de l'inondation par remontée de nappe (crédits Office français pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018 (LO 2.0))


Les nappes phréatiques sont des réservoirs d’eau souterraine alimentés notamment par les eaux de pluie qui s’infiltrent en partie dans le sol. Les nappes phréatiques dites alluviales sont également alimentées par les cours d’eau avec lesquels elles sont interconnectées.

Les nappes se rechargent tout particulièrement en hiver, lorsque les précipitations sont plus abondantes. De plus, l’infiltration des eaux dans les sols y est facilitée : les températures étant plus basses, l’évaporation y est moindre sans compter que la végétation, en sommeil, consomme moins d’eau. Le niveau des nappes est donc au plus haut de l’automne au printemps. Ce niveau varie naturellement de plusieurs mètres chaque année en fonction des apports pluviométriques. Cette variation s’inscrit également dans des cycles d’années humides et d’années sèches.

Ce rechargement des nappes peut conduire le niveau haut de la nappe à atteindre la surface : c’est l’inondation par remontée de nappe.


L’inondation par ruissellement

👉 Vidéo "L’inondation par ruissellement, qu’est ce que c’est ?"
Version sous-titrée (durée : 2 min 17 s)

Vidéo « L’inondation par ruissellement, qu’est-ce que c’est ? » - Crédits DREAL Normandie (vidéo, durée : 2 min 17 s)



L’inondation par ruissellement se produit lorsqu’il pleut sur des sols imperméabilisés ou saturés en eau. La pluie ne peut être absorbée et ruisselle. Si les volumes d’eau sont importants, cela peut conduire à une inondation, y compris sur des territoires éloignés de tout cours d’eau. Ce phénomène peut donc se produire aussi bien lors de pluies brèves mais très intenses que lors de pluies prolongées.

Schéma de l'inondation par ruissellement (crédits Office français pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018 (LO 2.0))



L’occurrence et l’intensité d’une inondation par ruissellement dépendent :
  • de l’urbanisation, source d’imperméabilisation des sols : de nombreux secteurs urbanisés se sont développés sur les trajectoires naturelles d’écoulement des eaux. Le développement des surfaces imperméabilisées est une cause et un facteur aggravant du ruissellement.
  • des pratiques agricoles et forestières : la suppression d’espaces naturels de rétention et de ralentissement des eaux de ruissellement comme les forêts, les haies ou les bandes enherbées contribue à l’apparition et à l’intensité du phénomène.
  • de la topographie : lorsqu’il pleut sur un relief accidenté, des « poches » d’eau peuvent se former. Lorsqu’elles débordent ou rompent, le volume d’eau libéré peut provoquer d’importants dégâts. A contrario, l’absence de relief conduit à une évacuation des eaux de pluie plus difficile, donc à une saturation en eau des sols plus rapide et, de fait, à un risque d’inondation par ruissellement plus important.
  • des caractéristiques du sous-sol et de l’état du sol : selon la nature géologique du sous-sol (argile ou sable) et son état de saturation en eau, l’inondation par ruissellement est plus ou moins probable et plus ou moins intense.
Gestion d'une inondation par ruissellement à Ardouval (61) – 2018 – Crédits photo SMBVA



L’inondation par submersion marine

Les submersions marines sont des inondations temporaires de la zone côtière par la mer. Elles surviennent lors de conditions météorologiques et océaniques défavorables (pleine mer, coefficient de marée important, dépression atmosphérique, vent fort).

Pour plus de détails et d’informations, voir la page sur les submersions marines.


Quels sont les risques en Normandie ?

La Normandie est un territoire particulièrement exposé au risque d’inondation. En effet, la région présente plus de 600 km de côte maritime et comporte, en dehors de la Seine et de ses affluents, de nombreux fleuves côtiers : l’Orne, la Dives, la Touques, etc. De plus, le climat océanique de la région conduit à des pluies fréquentes, notamment en hiver, génératrices d’inondations par débordement de cours d’eau, remontée de nappe et ruissellement. En cas de tempête, les côtes basses, notamment à l’ouest de la région, sont particulièrement exposées au risque de submersion marine.


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