Le plan d’action 2022 - 2024 pour les aires protégées de Normandie
La loi dite « Climat - résilience » de 2021 a fixé l’objectif de 30 % du territoire national et des eaux françaises en aires marines et terrestres protégées, dont un tiers sous protection forte.
Ces objectifs ont été repris dans la Stratégie nationale biodiversité 2030 (SNB) et dans la Stratégie nationale pour les aires protégées 2030 (SNAP). Des dynamiques locales, portées par l’État en lien avec la Région Normandie, collectivité cheffe de file pour la biodiversité permettent de décliner territorialement les ambitions nationales avec l’enrichissement de la mobilisation des territoires, des collectivités, des acteurs économiques, des habitants.

Au-delà de l’extension du réseau, l’objectif est de gérer efficacement les aires protégées pour remplir les objectifs environnementaux qui sont les leurs : concilier les activités humaines et la préservation de la nature, conforter l’intégration dans les territoires, consolider les financements, améliorer la connaissance de la biodiversité, faciliter l’adaptation au changement climatique, favoriser des partenariats internationaux…
Les services et opérateurs de l’État et la Région Normandie invitent chaque acteur du territoire à se saisir des pistes d’actions et à participer à la dynamique pour la biodiversité et les aires protégées !
Les aires protégées en Normandie
Parmi les aires protégées en Normandie, on trouve :
- des protections réglementaires : 15 réserves naturelles, 9 nationales (RNN) et 6 régionales (RNR), 8 réserves biologiques, 50 arrêtés de protection de biotope et d’habitats naturels ;
- des gestions contractuelles : 4 parcs naturels régionaux (PNR des boucles de la Seine Normande, le PNR des marais du Cotentin et du Bessin, le PNR du Perche, le PNR Normandie-Maine, 94 sites Natura 2000) ;
- des acquisitions foncières : les sites du Conservatoire du littoral, les sites du Conservatoire d’espaces naturels ;
- les aires protégées sous label : les sites Ramsar
En Normandie, les aires protégées représentent 21 % de la surface terrestre (moyenne de 27 % en France métropolitaine) et 30 % de la superficie en mer. Les zones sous protection forte s’étendent sur 0,54 % de la surface terrestre (1,8 % au niveau national) et 0,02 % de la superficie maritime.
La déclinaison territoriale de la SAP
Pour les espaces terrestres, chaque région a eu pour objectif d’élaborer un premier plan d’action territorial. La démarche normande s’est tenue sous le pilotage conjoint du préfet de la région Normandie et du président du Conseil régional, entre mars 2021 et juin 2022.
Fruit du travail avec l’ensemble des partenaires régionaux pendant 18 mois, le plan d’action pour les aires protégées terrestres de Normandie a été validé en juin 2022 par le comité régional de la biodiversité de Normandie. Initialement prévu pour 3 ans, il reste valable jusqu’à une future révision ; il ne sera en effet pas achevé à fin 2024.
Fiches des projets d’extension d’aires protégées et de zones de protection forte
Pour les espaces maritimes, le plan d’action est territorialisé à l’échelle inter-régionale de la façade maritime Manche – mer du Nord. Présenté en Conseil maritime de façade le 21 octobre 2022, puis transmis au Gouvernement par les préfets coordonnateurs, il tient compte du plan d’action pour les aires protégées terrestres de Normandie afin d’assurer le lien terre-mer.
La protection forte
La protection forte, créée par la loi « Climat - résilience », est définie, ainsi que les modalités de sa mise en œuvre, par le décret n° 2022-527 du 12 avril 2022.
Il y a deux voies de reconnaissance distinctes. La première est automatique pour :
- les réserves biologiques ;
- les arrêtés de protection de biotope, géotope ou habitats naturels ;
- toutes les surfaces terrestres des réserves naturelles ;
- les espaces maritimes des réserves naturelles placés sous « protection renforcée » ou « protection intégrale » par voie réglementaire.
La seconde est sur candidature d’un propriétaire, d’un gestionnaire ou sur recommandation du Conseil maritime de façade pour obtenir le label de « protection forte ». Les statuts éligibles en Normandie sont en particulier :
- les terrains gérés par le Conservatoire du littoral et le Conservatoire d’espaces naturels ;
- les espaces naturels sensibles (ENS) ;
- les périmètres de protection des réserves naturelles ;
- les sites classés ;
- toute la bande littorale et les espaces remarquables du littoral, les cours d’eau classés, les forêts de protection ;
- les propriétés sous obligations réelles environnementales ;
- tout domaine de l’État, public ou privé, maritime ou continental.
Les cibles à atteindre à horizon 2030 et les premières étapes
13 objectifs opérationnels, pour 52 actions, du plan constituent le volet « aires protégées » de la Stratégie régionale pour la biodiversité « Normandie 2030 ». Les principales cibles sont :
Objectifs opérationnels | Cible |
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Etendre le réseau des aires protégées terrestres en Normandie pour atteindre 22,5 % du territoire à échéance 2030 |
• + 50 000 hectares du territoire normand en aires protégées d’ici 2030 (par rapport à la situation au 1er janvier 2020) |
Renforcer le réseau des espaces terrestres en zone de protection forte en Normandie pour atteindre 1 % du territoire à échéance 2030 |
• + 14 000 hectares du territoire normand sous protection forte d’ici 2030 dont • + 1 600 ha de milieux humides sous protection forte en Normandie d’ici 2030 (hors cours d’eau) |
Créer d’ici 2024 un réseau régional des acteurs fonciers visant au renforcement de la cohérence de leurs stratégies foncières et de la connectivité entre les aires protégées |
• D’ici 2024, (re)création du réseau des acteurs fonciers biodiversité • Après 2024, animation du réseau |
Renforcer l’efficacité de la gestion du réseau des aires protégées terrestres |
• 70 % des aires protégées terrestres gérées de Normandie sont dotées d’un document de gestion en vigueur d’ici 2024 (90 % en 2030) • 80 % des aires protégées terrestres gérées de Normandie intègrent le changement climatique dans leurs pratiques de gestion • 100 % des gestionnaires des aires protégées terrestres où se déroulent des travaux de restauration de milieu évaluent l’efficacité des travaux menés • 5 % des agents d’aires protégées terrestres de Normandie s’impliquent dans des réseaux internationaux d’ici 2030 |
Réaliser au moins 10 opérations de restauration écologique et d’adaptation au changement climatique dans des espaces naturels littoraux |
• Réaliser au moins 10 opérations de restauration dans les espaces naturels littoraux (10 d’ici 2030 dont 5 d’ici 2024) • Valoriser des opérations de restauration écologique et d’adaptation au changement climatique dans les espaces naturels littoraux |
Créer et animer des réseaux d’échanges techniques entre les acteurs de l’agriculture, de la filière forêt-bois, des activités de loisirs et les naturalistes et les gestionnaires d’aires protégées |
Organiser les premières rencontres thématiques initiatrices des réseaux d’échange : • en 2023, entre les professionnels forestiers, naturalistes et gestionnaires d’espaces naturels • en 2024, entre les professionnels agricoles, naturalistes et gestionnaires d’espaces naturels Consolider les deux réseaux techniques et scientifiques avec leurs temps de dialogues, de partage d’enjeux et d’implications communes |
100 % des EPCI engagent un plan d’action en faveur de la trame verte et bleue en lien avec leur document d’urbanisme |
• L’intégralité des EPCI normands sont dotés d’un plan d’action Trame verte et bleue en 2030 (50 % en 2025) |
Organiser chaque année 300 actions de « mise en expérience de nature » sous toutes ses formes, en direction des publics scolaires et hors scolaires |
• 60 % des aires protégées pouvant accueillir du public font l’objet d’animations en 2024 (100 % en 2030) • 50 % des aires protégées assurent des mobilisations citoyennes en 2024 (75 % en 2030) L’ensemble des actions menées dans les aires protégées contribueront à atteindre la cible de la SRB |
Développer d’ici 2024 des actions coordonnées de découverte de la nature dans le respect de la vulnérabilité des milieux naturels en déclinaison de la stratégie « pour un tourisme responsable en Normandie » |
• Créer d’ici 2024 un réseau régional des acteurs fonciers visant au renforcement de la cohérence de leurs stratégies foncières et de la connectivité entre les aires protégées |
Intensifier la dynamique « Conférence des financeurs » en faveur de la reconquête de la biodiversité |
• Partager les priorités stratégiques régionales et renforcer l’articulation des modalités de financement entre financeurs publics (3 conférences par an dont 1 consacrée aux aires protégées) • Elargir les discussions pour associer d’autres financeurs publics ou privés (au moins 1 conférence élargie par an) • Consolider la bancarisation régionale des projets |
Intensifier l’appui aux acteurs dans le montage de projets complexes et multi partenariaux et développer un service d’appui spécifique aux petits porteurs de projets |
• Développer les services mutualisés d’accompagnement et de montée en compétences en montage financier de projets pour tous les acteurs normands • Permettre l’émergence et le portage par les acteurs normands de la biodiversité d’au moins 3 projets régionaux voire supra-régionaux et multi-partenariaux par an • Développer l’appui à l’émergence, au montage de projet et à la recherche de financement pour les petits porteurs de projets |
Démultiplier les financements privés et citoyens en faveur de la biodiversité |
• Intensifier l’usage du mécénat environnemental via le dispositif Mécénaturel • Développer le recours aux financements participatifs et autres ressources financières alternatives notamment en formant les acteurs associatifs |
Faire des aires protégées de véritables laboratoires d’études et de recherche appliquée d’ici à 2030, notamment par rapport au changement climatique |
• 10 projets et partenariats de laboratoires impliqués en lien avec les aires protégées d’ici 2030 • 80 % des aires protégées impliquées dans des dispositifs de suivi/recherche sur le changement climatique |