Présentation de la RNNES

Zone de transition entre la mer, le fleuve et la terre, l’estuaire de la Seine présente un intérêt biologique remarquable. Situé sur la voie de migration Ouest Paléarctique, il offre des milieux diversifiés très favorables à l’avifaune qui constituent des sites d’hivernage et de nidification d’importance internationale.

Une autre caractéristique de l’estuaire de la Seine est sa forte artificialisation du fait des activités portuaires, industrielles et urbaines.

Cette dualité entre activités humaines et protection des milieux naturels se retrouve au sein même de la réserve naturelle, puisque des activités historiquement présentes sur son territoire, à caractère économique (agriculture et coupe de roseaux) ou de loisirs (chasse) ont été maintenues.




Créée le 31 décembre 1997 par décret, la réserve naturelle nationale de l’estuaire de la Seine a vu son territoire s’étendre par un décret en date du 10 novembre 2004. Avec une superficie de 8.528 ha, c’est une des plus grandes réserves de France. Le statut de réserve naturelle nationale est le plus haut degré de protection mis en place par l’État pour la protection d’un espace naturel remarquable. Ce statut de protection sur l’estuaire de la Seine est apparu nécessaire pour maintenir et restaurer les équilibres biologiques fragiles de cette zone humide d’importance internationale.












La réserve est située de part et d’autre de l’embouchure de la Seine, entre le pont de Tancarville et la mer. Elle porte sur 17 communes des départements du Calvados, de l’Eure et de la Seine-Maritime. Elle est traversée par le Pont de Normandie.



Les statuts de protection

La majeure partie de la plaine alluviale de la Seine a été inventoriée dans un cadre national au titre des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique les plus remarquables (ZNIEFF de type I) d’une part et des zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) d’autre part.

Par ailleurs, l’État a désigné une zone de protection spéciale (ZPS) sur l’estuaire de la Seine, en application de la directive européenne relative aux oiseaux sauvages (Natura 2000). Aussi la réserve naturelle a été implantée puis étendue sur les parties les plus importantes et stratégiques de la zone de protection spéciale. Ce secteur de l’estuaire est également largement couvert (y compris le chenal d’accès du grand port maritime de Rouen) par un autre site Natura 2000, un site d’importance communautaire (SIC) au titre de la directive habitats.

Cet espace est également protégé au titre de la loi littoral et constitue un des périmètres d’intervention du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres. Les deux grands ports maritimes de Rouen et du Havre interviennent également en tant qu’affectataires du domaine public maritime ou fluvial et propriétaires de terrains cadastrés ; ils ont, en particulier depuis la loi portant réforme portuaire du 4 juillet 2008, un rôle important en matière de gestion des espaces à vocation naturelle situés dans leur circonscription.


Patrimonialité

Située au cœur d’un des principaux estuaires français, la réserve naturelle nationale de l’estuaire de la Seine recouvre une succession de milieux adaptés aux apports de sel et d’eau : milieu marin, vasières, roselières, prairies humides Cet ensemble de milieux atypiques, exceptionnel à l’échelle de l’Europe, présente une diversité floristique et faunistique remarquable.

Parmi les 253 espèces d’oiseaux présentes dans la réserve, 127 peuvent être considérées comme étant de haute valeur patrimoniale (on entend par espèce patrimoniale les espèces protégées et tous les taxons dont le statut de rareté est défini de rare jusqu’à disparu).

En particulier, deux espèces font l’objet de plans nationaux d’actions : le butor étoilé ayant comme habitat de prédilection la roselière et le râle des genêts qui affectionne particulièrement les prairies humides.






493 espèces de flore ont été identifiées sur la réserve naturelle. Parmi elles, 106 sont considérées comme patrimoniales ce qui représente 21% de la flore de la réserve.

L’estuaire de la Seine possède une biodiversité mammalogique remarquable puisque sur les 48 espèces présentes sur la réserve, 25 sont qualifiées de patrimoniales. Par exemple, on note ponctuellement la présence du phoque veau marin qui affectionne particulièrement les vasières de l’estuaire.

Amphibiens et reptiles sont faiblement représentés dans l’estuaire de la Seine en raison de la présence de sel. Notons tout de même la présence de deux espèces de crapaud assez rares : le pélodyte ponctué et le crapaud calamite.






70 espèces de poissons ont été recensées dans l’estuaire. Parmi elles, quelques espèces migratrices se reproduisent en rivière et grossissent en mer : la lamproie marine, la lamproie fluviatile, la truite de mer et le saumon atlantique. A l’inverse, d’autres espèces comme l’anguille se reproduisent en mer après 4 à 7 ans de vie en eau douce. Toutes ces espèces sont considérées comme vulnérables et rares à l’échelle européenne. L’estuaire joue également un rôle de nourricerie pour les jeunes poissons.

De nombreux insectes sont également présents sur la réserve. Notons en particulier la présence de l’agrion de Mercure, odonate protégé au niveau national et inscrit à l’annexe II de la Directive Habitats.


Le gestionnaire de la réserve naturelle nationale de l’estuaire de la Seine

Par convention avec l’État, la Maison de l’estuaire, association loi 1901 et agréée pour la protection de l’environnement, a été désignée comme le gestionnaire de la réserve. A ce titre, elle conçoit et met en œuvre un plan de gestion écologique de la réserve, qui s’appuie sur une évaluation scientifique du patrimoine naturel de la réserve et de son évolution (cf décret).
Le plan de gestion de la réserve naturelle a pour objectif d’assurer la conservation de ce patrimoine naturel exceptionnel tout en permettant la poursuite des activités à caractère économique ou de loisirs compatible avec la préservation de la biodiversité.

En tant que gestionnaire de la réserve, la Maison de l’estuaire assure :

  • le gardiennage et la surveillance de la réserve
  • la protection et l’entretien général du milieu naturel
  • la réalisation et l’entretien du balisage et de la signalisation spécifique de la réserve
  • le contrôle scientifique continu du milieu naturel par l’observation de la faune et de la flore
  • la réalisation de travaux de génie écologique
  • l’accueil du public, sa sensibilisation et son information, la réalisation et l’entretien d’équipements destinés à cette fin.

La Maison de l’estuaire participe également à la mise en œuvre des directives Habitats et Oiseaux et à la gestion globale de l’estuaire de la Seine.
Pour plus de renseignements www.maisondelestuaire.org


Le comité consultatif

Composé de 70 membres nommés par le Préfet (représentants des administrations, élus locaux, représentants des propriétaires et usagers et d’associations de protection de l’environnement), le comité consultatif donne son avis sur le fonctionnement de la réserve, sur sa gestion et sur les conditions d’application des mesures prévues par le décret. Il donne en particulier son avis sur le plan de gestion de la réserve. Il peut proposer des études scientifiques et recueillir tout avis en vue d’assurer la conservation, la protection ou la restauration des milieux naturels de la réserve.


Le conseil scientifique de la réserve

Composé d’une quinzaine de membres, le conseil scientifique de la réserve émet un avis sur le plan de gestion. Il peut également être sollicité sur toute question à caractère scientifique touchant la réserve naturelle.


Les usagers

La plaine alluviale de l’estuaire de la Seine est une zone où l’activité agricole est historiquement présente à travers l’exploitation par la fauche ou le pâturage des surfaces en prairie. Il s’agit d’une zone également favorable à certaines cultures fourragères, le maïs notamment. Au total, la réserve naturelle est occupée par environ 2093 ha de surface agricole utile (SAU) pour 148 exploitants en 2005. Sur le domaine public et sur la circonscription du port du Havre, les parcelles agricoles sont louées par la mise en place d’autorisations d’occupation précaire d’une durée de 5 ans.

La pratique de la chasse est autorisée sur la réserve. Environ 50% de la surface terrestre de la réserve est chassée. Cette activité concerne surtout la chasse au gibier d’eau, qui se pratique au gabion (environ 200 sur la réserve) mais également à la botte et à la passée. Sur le domaine public maritime (DPM), l’autorisation d’occupation précaire est accordée à une association de chasse, l’ACDPM Baie de Seine-Pays de Caux.

Une partie de la roselière sur la réserve est exploitée par six coupeurs de roseaux réunis en deux associations. La surface totale soumise à la coupe de roseau est d’environ 740 ha. Le roseau récolté en Baie de Seine est utilisée pour la confection de toitures de chaume. Des autorisations d’occupation précaire pour la récolte du roseau sont également mises en place pour une durée de 5 ans.

Concernant la pêche, l’activité principale pratiquée sur la réserve est la pêche au chalut de fond à crevette grise. Trois autres techniques sont également pratiquées dans l’estuaire de la Seine : la drague à bouquetin, les nasses à anguille et le tamis à civelle. On note que la réserve se trouve à l’intérieur de la bandes des 3 milles et donc que l’usage des engins traînants (chaluts, drague) nécessite la possession d’une dérogation administrative délivrée par les Affaires maritimes ou d’une licence CIPE (Comité Interprofessionnel des Pêcheurs d’Estuaire) pour la pêche à la civelle dans les estuaires.

L’ensemble des usagers est soumis aux prescriptions du plan de gestion et aux obligations du décret de création de la réserve. En particulier, les agriculteurs, les chasseurs et les coupeurs de roseaux sont soumis à des cahiers des charges afin que leurs activités respectent l’équilibre écologique de la réserve naturelle.


Instances particulières de concertation avec les acteurs

La situation particulière et les activités exercées au sein de la réserve provoquent parfois des difficultés de gestion de cet espace. La gestion des niveaux d’eau constitue notamment une source récurrente de désaccord. C’est pourquoi, un comité technique de suivi a été mis en place dans le cadre du troisième plan de gestion. Il est composé du gestionnaire, des services et établissements de l’État et des représentants des usagers. Il se réunit deux fois par an et a pour objectif le suivi des opérations du plan de gestion.


La DREAL Normandie et plus particulièrement la Mission Estuaire est en charge du suivi de la réserve naturelle nationale de l’estuaire de la Seine.

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