Observatoire normand des déplacements ONDE 2024 - Les mobilités solidaires

Bien que le droit à la mobilité partout et pour tous soit au cœur de la promesse républicaine 1, un Français sur trois n’a pas la liberté de choisir la façon de se déplacer. Ce constat alarmant a été posé par Wimoov lors de la présentation, en septembre dernier, de sa 3ème édition du baromètre des Mobilités du Quotidien. Une personne en insertion sur deux déclare avoir déjà refusé un travail ou une formation pour des problèmes de mobilité 2, ce qui en fait l’un des principaux freins à l’accès à l’emploi.


Wimoov précise que la précarité en mobilité au sein de la population française s’aggrave. 15 millions de françaises et de français se trouvent dans une situation de précarité en termes de mobilité en 2023. Ils étaient 13,3 millions en 2021. Ni la stratégie pauvreté du gouvernement avec un volet destiné à développer les mobilités en octobre 2020, ni l’inscription des mobilités solidaires dans la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) n’ont réussi à inverser la progression inquiétante de la précarité des mobilités du quotidien.

La précarité en mobilité : de quoi parle t-on? elle est mesurée grâce à un indicateur composite proposé par Berry et al. en 2015 3 et utilisé par Wimmov depuis dans son baromètre des mobilités. Le grand intérêt de cette méthode est de ne pas se contenter d’un seul indicateur pour mesurer la problématique de précarité en mobilité, mais de tenir compte des multiples combinaisons de facteurs mettant les individus et les ménages en difficulté : bas revenus, prix des carburants élevés, distances à parcourir importantes, absence d’alternative à la voiture, voire absence totale de moyen de mobilité.


De plus en plus visible et généralisée, la précarité en mobilité touche aujourd’hui le développement économique et social des territoires. Ces citoyens pénalisés dans leurs déplacements se retrouvent dans toutes les générations : ils sont actifs ou inactifs, habitent les villes, les banlieues, les campagnes. Que ce soit dû à l’absence de permis de conduire, au prix des carburants, au manque de transports en commun, etc. les obstacles à la mobilité des personnes précaires sont d’ordre économiques, matérielles, parfois cognitives, ou psychosociales.

Ces problématiques interrogent et suscitent des réflexions au cœur de la société. De nombreuses initiatives locales, départementales et régionales ont vu le jour dans le domaine de la mobilité solidaire portées par des acteurs publics ou associatifs. L’offre est foisonnante, les acteurs très nombreux (financeurs, prescripteurs, opérateurs, bénéficiaires). Mais le corollaire est, actuellement, un manque de clarté dans l’offre et les services existants.

Dans ce numéro de l’ONDE, la DREAL Normandie vous propose un regard régional sur les mobilités solidaires appelées aussi parfois mobilités inclusives, outils indispensables à la transition écologique et sociale.

Bonne lecture


Notes et références

1] François Gautier, Commissaire à la lutte contre la pauvreté auprès du préfet de la région Pays de la Loire.

3BERRY, Audrey, GUIVARCH, Céline, JOUFFE, Yves, et al. Comment mesurer la précarité énergétique en matière de transport. Revue de l’Énergie, 2015, no 625, p. 203-209.

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