Les haies génèrent une biodiversité riche
Les haies, talus, bandes enherbées, etc., abritent une grande diversité d’organismes vivants, de toutes tailles, des plus visibles aux plus microscopiques (mammifères, oiseaux, insectes, champignons,…).
Ces zones sont « semi-naturelles » mais cela ne signifie pas qu’elles ne sont pas entretenues : elles sont élaguées, taillées, fauchées par les agriculteurs qui cultivent les champs alentours et par leurs troupeaux qui pâturent les prairies, créant une biodiversité floristique spécifique.
Mais cette biodiversité régresse…
En Normandie comme ailleurs, les tendances d’évolution des populations et de leur répartition ne sont pas bonnes.
21 % des populations d’amphibiens ont disparu entre 2008 et 2018 (fiche ANBDD-URCPIE « Les amphibiens de Normandie » 2020).
Ce graphique reprend les résultats POPAmphibien (SHF-CNRS) pour la Normandie entre 2007 et 2018 (84 aires suivies incluant 939 sites de reproduction et 2 730 populations).
Déjà impactées par les changements climatiques, la destruction, la dégradation ou l’altération des habitats de ces espèces vient fragiliser davantage les populations.
Le bocage normand, classiquement constitué d’un réseau dense de haies, prairies permanentes, mares et cours d’eau offre des conditions idéales pour de nombreux amphibiens en leur offrant les points d’eau indispensables à leur reproduction, l’ensemble des milieux pour se nourrir et les haies utilisées pour hiverner.
La destructuration du bocage est particulièrement préjudiciable au triton alpestre, le triton palmé, le triton ponctué, la salamandre tachetée, le triton crêté, le triton marbré, la grenouille rousse… espèces qui révèlent des dynamiques de populations négatives.
Reptiles
Les principales espèces qui déclinent le plus sont : le lézard des souches (- 45% ), la vipère péliade (-41%), le lézard à deux raies (-35%) et le lézard vivipare (-23%)…
Cette situation est assez paradoxale pour le lézard à deux raies qui comme son cousin le lézard des murailles devrait pouvoir profiter d’une tendance à la hausse des températures pour étendre sa répartition et pourtant cette espèce qui utilise les haies est en forte régression.
Pour la vipère péliade, « Le facteur prévalent est la suppression d’éléments vitaux (haies, talus, mares, prairies permanentes, zones humides). Ces éléments permettaient de créer des mosaïques favorables à l’espèce (cachette, poste d’ensoleillement, gradient hygrométrique …) (Barrioz M. - OBHEN 2022).
Mammifères
Si les espèces typiquement forestières en sont généralement absentes, sauf lors de déplacement, le bocage offre un milieu de vie privilégié pour une certain nombre d’espèces de mammifères, avec des niveaux de dépendance à ce type de milieu assez différents.
Parmi les mammifères insectivores, on peut citer les musaraignes couronnée et musette ou le hérisson…
Pour l’ordre des rongeurs, le bocage sera le milieu privilégié du lérot, du muscardin, du campagnol roussâtre…
Parmi les chiroptères, ce sont le grand rhinolophe, le murin à moustaches, le murin de Natterer, l’oreillard gris…
Les carnivores seront représentés par le renard roux, la fouine, la belette…
Oiseaux
Au niveau national, les populations des oiseaux forestiers et des oiseaux des milieux agricoles ont décliné respectivement de 10% et de 30% en 30 ans, entre 1989 et 2019, d’après un bilan publié par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) .
Définir précisément l’avifaune du bocage n’est pas nécessairement un exercice aisé pour plusieurs raisons :
- la variété d’habitats « bocagers » peut largement aller au-delà de la seule haie : bâti, verger, chemins, talus, mares, cours d’eau, bosquets… constituent des éléments qui peuvent avoir une influence notable sur les peuplements d’oiseaux
- les essences d’arbres, leur âge et leur entretien, la présence de prairies et/ou de cultures, la nature plus ou moins humide des sols peuvent déterminer également ces peuplements
- le bocage est un milieu en perpétuelle évolution sous l’effet des pratiques agricoles et du dérèglement climatique
Néanmoins, on peut dégager des constantes : - la densité des oiseaux nicheurs est proportionnelle au linéaire de haies disponibles
- plus le bocage présente des intersections (haies connectées entre elles), plus les chances de noter des oiseaux sont importantes. Cet effet « carrefour » peut même déterminer le cantonnement de certaines espèces qui privilégieront la proximité de ces carrefours. Inversement, les tronçons de haies non connectées à d’autres perdent de leur attractivité.