Exemple d’actions de gestion

Il existe deux types de stratégies pour gérer les espèces invasives : la gestion préventive et la gestion curative. Bien entendu, il est plus efficace et moins coûteux d’agir de manière préventive sur un « jeune » foyer plutôt que de gérer des populations largement répandues dans les milieux naturels.
La gestion requiert l’utilisation de techniques adaptées qui diffèrent selon l’espèce concernée, le type de milieu envahi et même le stade de colonisation de l’espèce. Voici quelques exemples de gestion effectuée en région.

Le myriophylle du Brésil sur le marais de Chicheboville-Bellengreville (14), deux gestions différentes selon le degré de colonisation :

Du préventif…
Suite à la découverte en 2012 d’une petite station de Myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum Verdc.) sur des parcelles communales gérées par le Conservatoire d’espaces naturels de Basse-Normandie (CEN-BN), plusieurs chantiers d’arrachage ont été organisés en régie afin d’agir au plus vite. Une intervention rapide était nécessaire afin de limiter les risques de dispersion de l’espèce dans le marais, ainsi que son impact sur les habitats d’intérêt communautaire et les espèces rares présentes sur le site.

Trois chantiers d’arrachage manuel ont eu lieu entre les mois de septembre et octobre 2012, mobilisant l’équipe salariée du CEN-BN. Toutes les précautions ont été prises afin d’éviter la dispersion accidentelle de la plante aquatique (pose d’un filtre à l’exutoire, ramassage des boutures, ). Au terme des trois chantiers, l’équipe a arraché puis exporté un total de 1700L d’herbiers, répartis sur 400m² de zone humide.

En 2013, un seul arrachage a été suffisant pour maîtriser la repousse du myriophylle du Brésil, bien moindre que l’année précédente. Ce chantier a permis d’exporter 90L d’herbiers.
Depuis, plusieurs visites de contrôle ont été effectuées et une veille régulière a été mise en place sur les parcelles et leurs alentours.

Le coût de la gestion de ce jeune foyer pour 2012 et 2013 s’élève à 4500€ environ, avec un résultat plus que positi  : aucun herbier de myriophylle du Brésil n’a été revu depuis sur la parcelle.

Au curatif…
Le myriophylle du Brésil a été découvert par le Conservatoire Botanique National de Brest en 2011, sur des parcelles privées du marais. Le CEN-BN a alors conventionné avec les propriétaires afin de mettre en place des opérations de gestion sur le site.

Lors de la découverte de la station, les herbiers de myriophylle du Brésil recouvraient déjà 40% de la surface du plan d’eau, soit 4000m². Un chantier d’arrachage manuel a alors été organisé durant deux jours avec les propriétaires du site, des bénévoles et l’équipe du CEN-BN. Il a permis de traiter 1/10ème de la superficie envahie, mais également de se rendre compte de l’envergure de la tâche et d’envisager dès lors un arrachage mécanique.

En 2012, la parcelle a été achetée par la commune de Chicheboville et le CEN-BN s’en est vu confier la gestion. Cette année là, la plante aquatique invasive recouvrait 66% de la surface du plan d’eau.

C’est en 2013 que le chantier d’arrachage mécanique a eu lieu sur le site. Trois semaines de chantier auront été nécessaires pour venir à bout des 8000m² de myriophylle du brésil recouvrant le plan d’eau. Une pelle mécanique munie d’un godet spécialement crée pour le chantier a permis d’exporter le plus gros des herbiers, à partir de la berge ou posée sur une barge flottante. Une équipe a par la suite réalisé des finitions en arrachage manuel.

A l’aide d’un cahier des charges pointilleux et d’un suivi fin du chantier, toutes les précautions ont été prises pour permettre le bon déroulement de l’intervention (pose de filtres, pédiluve, nettoyage méticuleux du matériel, exportation dans une benne étanche, ). Ce chantier a permis de mener une opération d’envergure innovante pour la Basse-Normandie et, ainsi, de gérer la plus grosse station de myriophylle du Brésil connue en région.

Début 2014, les coûts d’interventions s’élevaient à 88 500 € (dont 83 000 € pour le chantier mécanique de 2013).

Afin de réduire au maximum la repousse de boutures, deux journées d’arrachage manuel en régie ont été organisées durant l’automne 2013. Seuls 400 litres de repousses ont été récoltés. Ces efforts devront être répétés encore plusieurs années pour espérer venir à bout du myriophylle du Brésil sur le site.

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