Les prairies subhalophiles, cœur de biodiversité de l’estuaire de la Seine


 
Créée en 1997, la réserve naturelle nationale de l’estuaire de la Seine a pour vocation la sauvegarde de la diversité biologique d’un ensemble de milieux estuariens ainsi que la préservation de l’avifaune et des espèces halieutiques. Le 4e plan de gestion de la réserve, adopté le 27 juin 2018, a fixé comme un des objectifs prioritaires de choisir une orientation de gestion et de circulation de l’eau pour les prairies subhalophiles.

Les prairies subhalophiles sont des prairies typiquement estuariennes qui se sont développées sur une partie de la réserve, grâce à une situation hydraulique mixte, avec un apport en eau salée par les marais et un apport d’eau douce liée aux précipitations et à une nappe d’eau affleurante, la mare plate. Ces prairies présentent donc un gradient de salinité lié aux saisons  : la saison d’hiver, plus humide, permet une alimentation plus forte en eau douce, tandis qu’en été, c’est la mer qui apporte une alimentation en eau salée. Son positionnement dans un marais entouré de digues permet une gestion fine des niveaux d’eau et le maintien de niveaux d’eau élevés au printemps, favorable à certaines espèces d’oiseaux et de flore patrimoniales.

Ces prairies sont considérées comme le cœur de biodiversité de la Réserve Naturelle Nationale de l’estuaire de la Seine. Pourtant la gestion hydraulique de ce secteur reste conflictuelle, car elle impose des contraintes fortes sur les activités agricoles et cynégétique. De plus, le caractère endigué de ce marais ne permet plus d’entretenir naturellement les filandres qui connectent ce marais endigué aux vasières et à la Seine. Or, ces milieux de vasières et filandres sont des milieux qui présentent des fonctions également patrimoniales.

Cette problématique d’entretien naturel des filandres et de vasières est également étroitement liée au fonctionnement du « méandre artificiel ». Le méandre artificiel est situé en amont du pont de Normandie et est une mesure environnementale qui a été réalisée par le Grand Port Maritime du Havre. Elle avait pour but de redonner plus de liberté à la Seine dans l’embouchure et de diversifier les écoulements et les habitats dans cette zone. Durant les marées, l’eau s’engouffre dans ce méandre, puis dans les filandres qui y sont reliées et qui ensuite permettent d’alimenter les prairies subhalophiles. Or ce méandre ne s’entretient pas de manière naturelle et est actuellement en train de se combler.

L’embouchure de la Seine a donc un fonctionnement hydraulique complexe, structuré en zones distinctes (marais endigué, filandres, méandre artificiel) et fonctionnant toutes en interaction. La réflexion sur la trajectoire à donner à ce système est à réfléchir dans un cadre global, en prenant en compte toutes ces interactions. Pour répondre à cette problématique, la Maison de l’estuaire et la DREAL de Normandie ont décidé d’étudier plusieurs scénarios d’évolution du secteur, allant d’une gestion fine de marais endigué jusqu’à une décompartimentation complète du milieu. Les avantages et inconvénients de chaque scénario seront étudiés et présentés aux partenaires. Un processus de concertation sera alors mené pour faire un choix pour la gestion de ces prairies, entre conservation et restauration.

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