La Mare de Vauville dans la Manche, un espace en sursis ?


L’anse de Vauville, comprise entre les deux massifs granitiques du Cap de Flamanville au sud et du Nez de Jobourg au nord, présente sur plus de dix kilomètres de longueur et deux de profondeur un front ininterrompu de dunes littorales. Il s’agit d’un des massifs dunaires les plus étendus d’Europe.

Dans la partie nord de cet ensemble, près du village de Vauville, s’étend la Mare principale d’une longueur de mille mètres et large de trois cents mètres, cet ensemble est classé en réserve naturelle nationale depuis 2002.

Le territoire protégé présente un vaste complexe composé de dunes fixées, de pelouses hygrophiles et de petites mares temporaires qui renferment une exceptionnelle biodiversité. Le monde végétal est représenté par 333 espèces dont 4 protégées au niveau national  : la grande douve, l’œillet des dunes, la littorelle à une fleur et le chou marin.

La mare de Vauville accueille de nombreux oiseaux migrateurs, comme le traquet motteux dans la dune ou la rousserolle effarvatte dans la roselière. Plusieurs espèces d’oiseaux d’eau s’y reproduisent  : râle d’eau, grèbe castagneux, fuligules milouin et morillon. Sur les 150 espèces recensées sur la réserve, une quarantaine y nichent régulièrement. 16 espèces de batraciens sont présentes également sur ce site ce qui en fait un vrai « hot-spot » pour ce groupe. Enfin, plus de 500 espèces d’insectes y ont été déterminées

La mare de Vauville est protégée de la mer par un cordon dunaire mais pour combien de temps encore ? Les assauts de la mer ont érodé le cordon en le faisant reculer d’environ 50 à 70 mètres, selon les endroits, depuis 1947, soit environ 1 mètre par an.

Dans un contexte de dérèglement climatique et d’élévation du niveau marin, le sort de la mare de Vauville semble inéluctable : le cordon dunaire va continuer d’être rogné, la mer pénétrera un jour dans la mare et la transformera en lagune.

Lutter contre cette perspective serait vain

Il convient dès lors de se préparer au mieux à cet évènement en continuant d’acquérir des connaissances permettant d’adapter la gestion des lieux pour préserver aujourd’hui et surtout demain les éléments de biodiversité qui sont amenés à évoluer.

Cette réserve naturelle nationale peut aussi apparaître comme un laboratoire à ciel ouvert pour anticiper, tester et mettre en œuvre une gestion adaptative axée sur la préservation/restauration de la biodiversité, articulée avec le changement climatique.

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